Édito

Maestro, une ZPPAUP, s’il vous plaît !

La mise en cause répétée de l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France en Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager a suscité ce nouveau numéro de La Pierre d’Angle. Que cet avis conforme soit menacé de suppression sous prétexte de plan de relance ou de Grenelle de l’environnement en dit long sur les motivations des partisans de la suppression : plus c’est gros, mieux ça passe ! Le Conseil constitutionnel a censuré une première fois, il pourra censurer à nouveau. Dans ce document d’urbanisme, il s’agit de substituer à un périmètre de cinq cents mètres aveugle, sourd et muet -en tout cas arbitraire- autour des monuments historiques, une qualification patrimoniale des quartiers, acceptée, négociée et comprise, tout en dynamisant les centres anciens, parfois menacés d’abandon par leurs habitants, puis par les édiles. Depuis 1983, date de leur création, les ZPPAUP ont évolué positivement, prenant progressivement en compte toutes les formes de patrimoine, ignorées où insuffisamment explorées jusqu’à présent, au point de vouloir dans un quartier périphérique préserver les atmosphères. S’est rapidement posé le problème des recours, dès 1997 et les solutions proposées n’ont été que très rarement utilisées, chacun étant convaincu qu’il vaut mieux négocier pour améliorer un mauvais projet plutôt que prendre le risque d’une procédure longue et incertaine quant à son résultat. En ces circonstances, la suppression de l’avis conforme se traduirait immanquablement par une « fermeture généralisée », un refus du dialogue, un refus d’appliquer la règle ou alors une volonté délibérée de l’appliquer à sa guise, la tirer vers le bas, faire comme si… elle n’existait pas. Combien de communes, en France, disposent d’un professionnel compétent, qu’il soit architecte, urbaniste ou paysagiste ? Les architectes des bâtiments de France, fiers de leurs missions de sentinelles du patrimoine, plongés au quotidien dans la création architecturale contemporaine, vrais promoteurs de la qualité urbaine, fiers de leur titre aussi, qu’il ne faudra pas changer, continueront à gérer de façon dynamique les espaces protégés et en particulier les ZPPAUP, les valeurs d’identité culturelle et sociale dont elles sont porteuses, main dans la main avec les élus et les citoyens, résolument avides de modernité et de développement harmonieux des quartiers anciens et des quartiers nouveaux, qui font toute la saveur de leur cadre de vie.

Bruno Chauffert-Yvart
Rédacteur en chef

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