Édito

Les racines du monde

Présenter le sous-sol dans une revue valorisant les politiques publiques et ses acteurs en matière d’aménagement qualitatif du territoire est une gageure. Lieu de dissimulation par excellence, les bas-fonds cachent les fondations de notre cadre de vie ainsi qu’une partie de celui-ci. La grotte a bien précédé la cabane dans l’art d’aménager et cette première architecture de “l’au-dessus” allait être promise à un bel avenir. Cependant, le sous-sol a toujours continué de fournir des espaces de qualités, aux fonctionnalités liées à ses contraintes. Le sous-sol, c’est aussi une partie de nos archives. L’habitude de reconstruire sur nos propres traces, a permis le stockage de vestiges. Les architectes qui les débusquent et les archéologues qui lisent ce livre éphémère nous amènent à en garder les meilleures pages dans nos aménagements, ce qui ne se fait pas toujours sans difficulté. Si les catacombes, cryptes et autres espaces sacrés souterrains nous renvoient à des usages immatériels et anciens, les caves de Champagne, les systèmes défensifs, les projets d’architecture où les grandes infrastructures urbaines récentes attestent d’une occupation très concrète et toujours renouvelée du sous-sol. Que ce soit pour des raisons fonctionnelles précises ou un parti d’insertion dans le paysage par dissimulation où en raison du manque de place, ces occupations sont délicates et leurs incidences sur l’aménagement de l’espace “aérien” deviennent souvent importantes. Il est alors crucial que le traitement des interfaces dans les entrailles de la terre, entre les deux mondes, entraîne un acte de bâtir et d’aménager tant volontaires que qualitatif.

Philippe CIEREN
Rédacteur en chef

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