Une vocation de synthèse

Club des SDA sud-est

Le monde moderne vit aujourd’hui
une crise profonde, crise identitai-
re, crise économique, crise des
valeurs, crise d’un monde qui
cherche un nouveau souffle, un souffle
post-moderne, postindustriel.

Comme tous les pays, industrialisés, la
France a vu se disloquer sa certitude qu’à
tout problème il existait une équation
porteuse de solution. Les français “cher-
chent leurs marques” au sein d’un territoi-
re qui a subi de profondes et rapides
mutations technologiques, économiques,
sociales ainsi que les chocs de la décentra-
lisation et de la communauté européenne.
Face à cette crise, ils se tournent vers
l’État, après avoir un temps cru, libéralis-
me pur et dur aidant, pouvoir s’en passer.

Ils demandent que l’État retrouve son rôle
de régulateur des inégalités, de synthèse,
de neutralité et d’équité. Ils revendiquent
aussi plus de transparence, de dialogue et
d’écoute. Ils demandent un Etat déconcen-
tré, proche du terrain et de leurs préoccu-
pations. Un Etat animateur et partenaire
du développement local.

La présence et l’aide de l’État, sa compé-
tence est aussi demandée, au nom du ser-
vice public, partout où elle ne peut être
apportée par les collectivités locales. Dans
les départements ruraux et à faible popu-
lation, elle est essentielle pour assurer
l’avenir.

L’État a subi la même crise identitaire. Les
agents de notre ministère s’interrogent sur
leur rôle, Leurs missions, leur responsabili-
tés et subissent la tentation d’abandonner
les rôles peu valorisants de contrôleurs et
de se réfugier dans la “certitude tech-
nique” tout en ayant conscience qu’elle
n’est pas ou plus leur apanage.

En matière d’aménagement, d’architecture
ou de patrimoine, la demande a, là aussi,
évolué. On assiste au retour au sein de la
population de la notion de cadre de vie par
opposition à l’urbanisme réglementaire
technico-économique qui n’est plus à
même, s’il l’a un jour été, de répondre à
une préoccupation qualitative.

Le découpage de la cité en zones, l’opposi-
tion centre ancien, à caractère patrimonial
où se superposent servitudes et règles et
quartiers nouveaux où l’exigence qualitati-
ve décroît en fonction de son éloignement
du centre ne correspond plus à l’attente
des habitants et est une des causes, et non
la moindre, des déséquilibres actuels.

De la même façon, l’oubli que le paysage
naturel et rural n’est pas qu’un support aux
réseaux de distribution des personnes et
des biens, qu’un espace intersticiel entre les
ensembles urbains a engendré le mal-vivre
actuel et la tentation d’un retour au passé
idéalisé.

La définition du monument a, elle aussi,
changé. En complément aux monuments
reconnus par une protection réglementaire
de l’Etat, s’ajoute la reconnaissance d’un
patrimoine culturel et identitaire local pre-
nant en compte non plus “l’objet monu-
ment” mais un ensemble complet: quartier
ou village avec ses habitants, son histoire,
ses pleins et ses vides, ses traditions, son
cadre naturel. La nouveauté en la matière
est que cc patrimoine se définit sur place
avec l’usager et que s’y ajoute un projet de
développement et de mise en valeur, une
reconnaissance du caractère propre, de
l’identité de l’habitant, de son appartenance
à l’histoire ancienne et future.

Partout en France on assiste à la création
de politique locales et associatives desti-
nées à la mise en valeur d’ensembles
urbains et paysagers pour en faire des
lieux où, comme le souligne l’enquête de la
COFREMCA pour le ministère,” la vie
prend’ou demeure. Des lieux où les mots
rues, places, quartiers, villages, hameaux
retrouvent un sens et recouvrent une réali-
té sociale et économique.

La responsabilisé de l’État en cette matière
est de participer en amont du projet à une
analyse et une synthèse des pathologie
rencontrées par ces ensembles en les abor-
dants dans leur globalité. D’être une force

de proposition, un lieu de recherche et de
savoir-faire. Et pour cela, il est nécessaire
d’être partenaire des collectivités et du
public, de ne pas restituer au niveau local
les cloisonnements et strates administra-
tives, logiques au niveau central, mais sans
cohérence au niveau local où l’on attend
de l’État un langage clair et univoque.

Au sein de ces évolutions, les Services
Départementaux de l’Architecture sont à
même de jouer un rôle essentiel, rôle qui a
été défini par le décret portant création
des S.D.A.en 1979, rôle qui dépasse celui de
l’Architecte des Bâtiments de France et en
constitue un complément essentiel. Ces
missions n’ont, à ce jour, pas assez été sou-
lignées et valorisées. La tardive lettre de
mission qui leur est parvenue après 13 ans
d’existence constitue un premier pas dans
cette direction.

Leur positionnement au niveau départe-
mental en fait des services de proximité,
identifiables par le public et accessibles.
C’est l’échelle où l’on peut mettre un visage
sur une fonction et la rendre ainsi plus
humaine, moins “technocratique, plus pro-
pice au dialogue à la négociation.

Le niveau régional reste encore perçu
comme trop éloigné de l’usager et sans
doute à reconsidérer dans le cadre de
l’union européenne.

Il sera sans doute, dans un avenir proche,
plus logique pour le Sud-Est français
d’oeuvrer avec la Catalogne ou la Lombar-
die, dans le cadre de régions possédant une
histoire, une culture et des objectifs com-
muns qu’au sein même des Régions Pro-
vence-Alpes Côte d’Azur et Languedoc-
Roussillon.

Les SDA ont une image de services char-
gés de la qualité aussi bien urbaine que
naturelle perçue par le public comme hors
du cloisonnement ministériel traditionnel
tel qu’il est reproduit en département. Il est
ainsi à même de constituer un lieu de syn-
thèse des connaissances des recherches et
d’un savoir-faire qualitatif. Il leur est de
plus en plus demandé de participer à des
projets d’aménagement de territoires, de
pays se fondant sur l’identité locale, de
participer au diagnostic des pathologies
des villes et bourgs et d’y porter remède.

Au delà de la notion de protection régle
mentaire, c’est à la mise en valeur qu’ils
sont et seront toujours plus conviés.

Leur capacité à développer une démarche
partenariale au service du cadre de vie à
travers des chartes de mise en valeur
s’appuyant sur une connaissance appro
fondie des lieux, la capacité de participer
ou d’élaborer en association avec les col
lectivités locales et le monde associatif à
des études paysagères et urbaines fines
ZPPAUP, Porter à Connaissance fins
cahier des charges exhaustifs, Plans de
Sauvegarde et de Mise en Valeur; inventai
re d’un patrimoine culturel local, participa
tion aux politiques de développement éco
nomique s’appuyant sur un patrimoine
identitaire local..doit être encouragée
reconnue et valorisée.

Le SDA, dans une forme modernisée doit
être le lieu de la clarté et de la synthèse
des politiques de mise en valeur du cadre
de vie.

On constate chaque jour, l’image patrimo
niale étant positive, un foisonnement
d’acteurs et de projets locaux auxquels par
ticipent divers services publics ou para et
péri-publics. La mission de l’Etat étant
d’assurer la synthèse, le SDA se doit d’être
ce lieu de la synthèse des projets et réalisa
tions pour y apporter la perspective,
coordination, la dimension globale, l’équi
libre au sein des pays qui constituent le
département aujourd’hui ou les régions
européennes de demain.

Pour réussir æœ projet, il convient aussi de
développer la connaissance architecturale,
urbaine et paysagère au sein du public et
principalement dans le milieu scolaire puis
qu’il prépare les générations futures.

Il faut de la même façon développer ces
connaissances dans les écoles d’architectu
re et d’ingénieurs, mettre en place des
filières au sein des écoles préparant les
futurs Architectes-Urbanistes (libéraux ou
fonctionnaires) à ces tâches, et poursuivre
une formation continue des fonctionnaires
chargés aujourd’hui de ces missions pour
qu’ils puissent répondre aux attentes de
demain.

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