Édito

Les Beaux-Arts retournent à la Culture

Voici une bonne nouvelle ! Sera-t-elle prise au sérieux ? Qui a jamais cru que l’architecte des Beaux-Arts -l’architecte des bâtiments de France pour les initiés- avait un jour quitté la Culture ? Personne, si l’on excepte les quelques visionnaires impliqués dans la tentative, avortée donc, de réconciliation entre aménageurs et protecteurs, entre ingénieurs et architectes, au sein de l’Équipement.

La nouvelle est pourtant vraie. À la Culture, l’architecture, un moment confondue avec le patrimoine, retrouve sa propre direction. Il était temps : les acteurs étaient en place pour l’exécution d’un scénario, montrant les Beaux-Arts séparés de l’architecture, et l’architecte des bâtiments de France satellisé hors de l’orbite du Service départemental de l’architecture. Mais le rideau ne se leva point sur ce dernier acte, décidément invraisemblable.

Comment annoncer cette bonne nouvelle ? L’incantation ne fera plus recette, il faudra parler vrai. Le ministre de la Culture est sur la voie : il a une ambition pour l’architecture. Il faut croire qu’il en a les moyens. Chacun sait que les Beaux-Arts n’ont pas de prix, mais ils ont un coût. Il faudra l’annoncer, ce vrai coût, au risque d’affronter les partisans de la pause catégorielle, du gel budgétaire et du dégraissage dans la fonction publique.

La Pierre d’Angle, rénovée dans sa forme et dans son contenu, annonce à sa manière les retrouvailles des Beaux-Arts et de l’Architecture. Les multiples facettes de la mission d’architecte des bâtiments de France, méconnue des uns, mal connue des autres, seront mises en lumière sans cruauté , mais aussi sans complaisance. Être architecte des bâtiments de France est un métier à risque. C’est transmettre, au risque de décevoir, au risque de se tromper, au risque d’être victime d’un accident. La disparition récente d’Emmanuel Payen nous rappelle que ces risques peuvent être mortels. L’architecte des bâtiments de France, aujourd’hui comme demain, se multiplie pour que l’architecture reste l’un des Beaux-Arts et devienne un art de vie.

Bruno STAHLY
Rédacteur en chef

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