Édito

La ville croît plus vite que notre capacité à l’organiser. Nous la questionnons, alors que ses réponses sont déjà sous nos yeux. Sommes-nous en mesure de reprendre l’initiative et de déterminer le cadre de son développement, ou devons nous nous contenter de patrimonialiser les dépôts qu’elle laisse dans sa course aveugle ?

En l’absence de choix entre ces deux options, la ville s’est vue artificiellement partagée en espaces voués au développement, d’un côté, et au patrimoine, de l’autre.

Utile à l’époque où il fallait combattre les ravages de la rénovation urbaine, cette politique, opposant les espaces du permis aux espaces de l’interdit, a préservé des centaines de milliers d’hectares situés en cœur de ville. Elle s’avère aujourd’hui inféconde, en l’absence de projet global intéressant toutes les catégories d’espaces.

Elle ne prend pas en compte l’émergence de valeurs patrimoniales dans les quartiers périphériques, non plus que la nécessité de repeupbler les quartiers centraux.

La ville nous apparaît ainsi dans toute sa complexité, et nous invite à rechercher le croisement d’objectifs et de compétences jusqu’ici confinés dans des espaces strictement dévolus.

Les architectes des bâtiments de France ont en mains certaines clés de la qualité urbaine, tant pour l’habitat que pour les espaces publics. En association avec l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat, ils peuvent intervenir par des aides spécifiques qui influeront sur la forme et sur le contenu de la ville.

Des actions ainsi conjuguées, dépassant les objectifs initiaux et sectoriels, relèvent d’une mission sociale nécessaire à l’émergence d’une ville enfin habitée.

Bruno Stahly
Rédacteur en chef

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