Les délices impatients d’une AVAP en vallée du Loir

Le projet de création d’une Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) intercommunale autour de la vallée du Loir, lancé à l’initiative du STAP de la Sarthe, concerne pas moins de quarante-et-une communes sarthoises, toutes situées dans la vallée du Loir où sur le cours de ses principaux affluents : la Fare, l’Ire, la Dême, la Veuve, l’Étangsort, la Braye, l’Anille..

L ‘origine de ce projet ambitieux (rappelons que la ZPPAUP la plus importante à ce jour regroupe six communes de la Communauté urbaine d’Orléans) résulte d’un double constat : celui de la réelle cohérence patrimoniale et paysagère d’un territoire richement doté d’édifices de qualité et de la volonté des élus de participer activement à la valorisation culturelle de cet espace par l’octroi d’un label « Villes et pays d’Art et d’Histoire », obtenu en 2006.

Un projet original

Ces communes, unies par le Loir, forment l’épine dorsale d’un cadre territorial cohérent, créé à l’initiative des élus dont l’intérêt se manifeste par leur implication dans le projet. Par ailleurs, l’Agence de développement de la vallée du Loir, dont le territoire d’action s’élargit à la presque totalité du cours du plus long fleuve de France, le soutient également.

Le président du Conseil général de la Sarthe, le sénateur Roland du Luart, conscient du caractère structurant d’un tel projet et des atouts multiples issus de la mise en place d’un tel outil fédérateur de gestion, a souhaité que la collectivité départementale investisse à égale hauteur du financement apporté par l’État dans la réalisation de l’étude.

La création de cette AVAP intercommunale a vocation à se développer depuis la confluence de la Sarthe et du Loir à Briollay (Maine-et-Loire), jusqu’au-delà de Châteaudun (Eure-et-Loir), incluant naturellement les communes situées sur ses affluents.

Les avantages d’une telle AVAP sont multiples :

  • adhésion à un projet collectif sur un territoire d’exception, vaste et cohérent, porteur d’enjeux forts dans ses trois dimensions culturelle, touristique et économique ;
  • renforcement du réseau d’entreprises compétentes dans la restauration du patrimoine, grâce à la Charte pour la sauvegarde du bâti ancien en Sarthe en cours de création ;
  • participation prioritaire du ministère de la Culture au subventionnement des projets ;
  • avantages fiscaux qui peuvent inciter les particuliers à investir dans les quartiers anciens dégradés (loi Malraux) ;
  • label de qualité susceptible d’améliorer l’attractivité touristique ;
  • un document de référence qui oriente les différentes actions opérationnelles ;
  • un territoire privilégié pour les actions de labellisation de la Fondation du patrimoine ;
  • définition des objectifs inscrits dans une logique de développement durable ;
  • prise en compte dans une vision patrimoniale et environnementale des données du Plan de prévention du risque inondation (PPRI) Vallée du Loir ;
  • cadre écrit aux avis de l’ABF.

Une gestion complexe, mais communicative

Ce projet prend, d’ores et déjà, des dimensions interdépartementales grâce à l’intérêt manifesté par les Pays de Racan (Indre-et-Loire), Baugé (Maine-et-Loire), Montoire et Vendôme (Loir-et-Cher). Ce caractère intercommunal, interdépartemental et interrégional à une telle échelle, qui multiplie à l’envi le nombre de partenaires, justifie pleinement la position de cavalier seul qu’endosse la Sarthe, afin que ce qui est une belle idée ne sombre pas dans une complexité administrative sans nom et n’en vienne à faire de cette AVAP un “machin” ingérable et, plus grave, irréaliste.

Le STAP de la Sarthe entend s’assurer, avec des moyens humains réduits, du succès de cette entreprise hors du commun. Il part du principe que les effets positifs attendus sur le territoire -en termes d’amélioration du cadre de vie de ses habitants- sont le résultat d’une action ciblée et forte sur un territoire associant des élus volontaristes et un STAP porté à faire le choix d’actions induisant une réelle valeur ajoutée sur des territoires d’enjeux patrimoniaux forts. Certes, un tel postulat requiert beaucoup d’énergie et de temps pris sur celui d’une gestion, réduite à proportion des territoires les moins demandeurs et les moins actifs. Toutefois, les résultats attendus et prévisibles de cette AVAP en tous points monumentale seront d’un impact tel qu’ils obtiendront un “retour sur investissement”, à savoir : la conviction qu’un tel projet porté par des élus attachés à la mise en valeur de leur commune, jouera d’un effet d’exemplarité sur les territoires voisins.

Enfin, dans un contexte national -naguère agité par un débat autour de la pertinence du rôle de l’ABF-, le projet renverra l’image d’un STAP bien plus attaché à participer, inciter, conseiller et en fait appuyer un projet fédérateur et positif, que campé dans l’attitude caricaturale de censeur institutionnel, jusque sur des espaces dépourvus du moindre enjeu patrimonial, image sans doute par le passé pas toujours inexacte.

L’AVAP “Vallée du Loir” se prête ainsi au jeu d’une expérimentation dont les résultats recèlent les germes d’une évolution du regard que portent les STAP sur le territoire qu’ils n’ont pas à seulement gérer, mais -mieux- à faire vivre. C’est là tout l’enjeu du projet.

Nicolas GAUTIER
ABF, chef du STAP Sarthe

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