Architectes de la lumière

La Sainte-Chapelle, troisième monument le plus visité à Paris, a été construite au sein du palais de la Cité sur l’ordre de Saint Louis entre 1241 et 1248, pour y déposer les reliques -la Couronne d’épines et un fragment de la vraie Croix- de la Passion du Christ. En effet, comme Le rappelle l’actuel maître d’oeuvre, l’ACMH Alain Charles Perrot, « celui qui détenait les reliques était considéré comme l’homme le plus puissant de la chrétienté ». Saint Louis avait acquis les reliques auprès de l’empereur de Constantinople pour légitimer sa filiation de droit divin. L’édifice, bâti sur le plan palatin, est conçu comme une châsse reliquaire qui laisse entrer la lumière aux travers de véritables parois de verre.

Les quinze verrières du XIIIe siècle et la rose occidentale, remplacée au XVe siècle, sont composées de mille cent treize panneaux. Un soin particulier sera porté à la restauration des visages peints sur grisaille qui, à cette époque, marquent la signature du maître verrier. L’iconographie des vitraux illustre l’histoire du peuple hébreu et l’institution de la royauté, hommage au pouvoir spirituel et politique de Louis IX.

Les derniers vitraux non restaurés font l’objet d’une campagne de restauration de cinq ans, qui s’engage cet automne et s’achèvera en 2013. Les travaux confiés à six maçons et six verriers concernent sept verrières et la statue de l’archange Saint Michel, datant du XIXe siècle et placée au faîte des toits. Ils sont estimés à dix millions d’euros et seront financés à parts égales par le mécénat de l’entreprise danoise Velux et le Centre des Monuments nationaux. Dès à présent, l’étude entreprise par l’architecte en chef a permis de découvrir, lors des sondages, une technique innovante : Pierre de Montreuil avait mis en place des chaînages métalliques. De même, le système d’horlogerie permettant la rotation de l’archange imaginé par Geoffroy-Dechaume au XIXe siècle, sera rétabli. Cette silhouette emblématique symbolise la campagne de restauration de 1845 menée grâce au talent d’orateur de Victor Hugo et de Chateaubriand. La dernière campagne a été initiée en 1970. L’intervention lancée en ce troisième millénaire se double d’un système de conservation préventive. Chaque verrière sera doublée par l’extérieur : le verre thermoformé grâce au moulage effectué tors de la dépose, épousera les moindres irrégularités des verres médiévaux. Les réseaux de plomb ont été remaniés au XIXe siècle, en revanche, les barlotières sont d’origine et souvent reliées aux chaînages métalliques de l’édifice. Cette structure posait donc un problème de superposition. En conséquence, il a été décidé de déplacer les verrières vers l’intérieur et d’apposer les verres de doublage dans la structure d’origine. Ce procédé de restauration déjà exécuté pour les deux petites verrières de l’abside a préservé la transparence des vitraux.

Les Fondations Velux sont un groupe d’administrateurs philanthropes danois et propriétaires de Velux ainsi que d’autres sociétés du groupe VKR. En 1971, Villum Kann Rasmussen, fondateur du groupe Velux, établit une première fondation pour assurer la pérennité de l’entreprise qu’il avait créée. Dix ans plus tard, une deuxième fondation a vu le jour pour élargir le champ d’activités des subventions. Ce n’est pas la première fois que Velux finance la restauration du patrimoine français. En effet, la fondation avait déjà participé à la restauration du retable de la chapelle-Saint-Fiacre du Faouêt, puis des boiseries de la chapelle du palais du Parlement de Rennes, après l’incendie. Aujourd’hui, l’entreprise s’engage à Paris dans un mécénat exclusif, confirmant les relations entretenues depuis des années avec les architectes. Attentive au cadre de vie, elle entretient un partenariat de longue durée avec les Architectes des Bâtiments de France pour une recherche toujours plus poussée sur l’ouverture des combles à la lumière naturelle.

Vera Proszynska
Journaliste

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